La tragédie d'outre-eau
Je suis là, gonflée d'eau, je flotte. Je me laisse bercer par le courant, avec comme des fantasmes de résistance, de contre-flux à l'intérieur. Mais rien ne presse, ni dedans ni dehors, partout c'est de la flotte. Alors quand j'échoue quelque part, pfuit, je me rétracte, jusqu'à l'essorage total. C'est atroce hein ? Bah non pas tant, pour une éponge. Du coup je bouge pas, je reste là, j'attends la pluie.
Une bonne grosse déferlante ce serait top. J'aurais à peine commencé à m'ennuyer qu'elle m'emporterait d'un coup. Je sentirais mon corps, je le sentirais vraiment. Plus elle serait violente, plus mon inertie ferait résistance.
Au lieu de quoi je me remplis d'embruns, petit à petit, jusqu'à l'osmose. Une fois imbibée je flotte de nouveau, seule, sans but et sans pourquoi, et la mer me pardonne.