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Rasputain
13 mars 2010

Objets trouvés

Cette petite feuille dorée attire ma main au sol. A peine relevée je trouve le geste ridicule et vulgaire, un geste en toc de fille romantique. En glissant la feuille morte dans mon petit moleskine cette pensée s'aggrave, ça fait tellement "stuff white peole like".
On est gavés de références, simplement parce qu'il est conscient un geste anodin devient une pantomime, puis une pantomime de pantomime, une ombre sous une tonne de colifichets. Elles nous pourrissent la tête, ces références. On voudrait être individuellement romantique, seul face à l'hostile beauté du vaste monde, les cheveux humides et la truffe au vent, ou l'inverse. Comme si c’était possible.
Des pensées nous appellent à nous détacher des objets, ces références là sont probablement plus belles, plus larges et patrimoniales, comme un original de Kandinsky disons. Mais à l'échelle d'une vie, même dix mille fois copiés tous nos objets ne se valent pas, simplement parce qu’ils n’ont pas une vie propre. Nous les animons, les chargeons de ce trop plein de sentiments confus, fugaces, irrationnels ou au contraire de pragmatisme, d'utilité parfois plus irrationnelle encore.
J’ai commencé à piger ça et à acheter des bouquins au lieu de les louer, j'en corne les pages pour faire des petites encoches dans mon crâne. S’approprier l’intelligence et la finesse de Musil ? Et pourquoi pas ? S’approprier la vie d'Hemingway avec un moleskine ? Oulah non, dieu merci ! Juste s’approprier un bout de temps qui passe sur des feuilles qui ne tombent pas.

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Commentaires
R
Ah ! Toi aussi t'en as un ? ça coûte un bras quand même ces conneries hein :)
M
Yep ! Trop la classe !
Rasputain
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