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Rasputain
25 février 2010

Février 2010

Intermède matinal pour observer que les temps changent : voilà t-il pas que j'aime les gens !
Un peu.
Hier encore les grèves des transports étaient des guerres civiles et pour le Francilien stoïque un point de vue imprenable sur l'étendue de l'indignité dont l'homme est capable. Or je suis là sur mon séant, à me réjouir de cette journée à la fois plus courte et plus longue par la force majeure des choses. Le temps de guerre m'a fait traîner un peu dans mon alibi ce matin. A la gare, à moitié endormie, j'achète un jus caféiné et me dégote une place dans le RER où me laisser bercer par la chaleur du troupeau et le ballet des badauds tantôt inquiets tantôt résignés. Un grand type impeccable aux montures sages et néanmoins artistes offre un spectacle un peu misérable, et assez rigolo. Il va rater un vol important je crois, tandis que les prolos font un peu la gueule sans plus, se battre pour quoi, pour qui ? Deux geeks côte à côte lisent des mangas dans le sens d'origine ; pour eux clairement la guerre c'est le sabre au poing et en 2d, ou pas du tout. Je parie qu'ils descendent à "Stade de France" vers quelque start-up permissive dans leur costume dépareillé-froissé.
Bingo. Les deux geeks quittent le front à la première station venue. Du coup je décide que Monsieur Boubourge est un citoyen helvétique. Il souffre à mort. Il doit nous trouver bien exotiques là tous ; c'est la guerre et on transpire même pas. Je lui fais un sourire apitoyé en me disant que ce petit problème d'aiguillage fera un peu artiste dans son horloge néanmoins sage. Face à nous une jeune fille bien décidée déballe sa trousse à maquillage à même la rame. Elle est jolie, ses gestes sont à la fois précis et délicats malgré le cahin caha, ils me fascinent et me troublent. C'est comme si le Suisse ouvrait sa valise là d'un coup et se mettait à ranger soigneusement ses calebuts. Je suis sûre qu'il a du linge fin ce monsieur, j'imagine un vichy vert pomme, des chaussettes anis, un laptop ultra-fin blanc, avec une pomme encore. Mais pas le temps de poursuivre l'investigation, la station approche et faut se réveiller fissa. Pour ce faire rien de mieux que ces abrutis de Parigots mal léchés qui s'obstinent à faire comme s'ils n'avaient pas vu qu'ils gênent la sortie là, 'tain... Allez, les coudes en avant et je grogne tiens, pour la forme. Et pour distraire les touristes aussi, un peu.

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Commentaires
C
Très bon une fois de plus...C'est marrant comme ça résonne pour les paisibles provinciaux...
Rasputain
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