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Rasputain
20 octobre 2011

Le bruit et l'odeur

Lecteur salarié, tu n'en as rien à faire, mais dans les annonces de la bourse aux locaux commerciaux de Paris, on peut lire que  "les commerces liés au sexe, et plus généralement, les activités générant des nuisances par le bruit ou l’odeur" n'ont qu'à aller se faire voir à Saint-Denis, Bobigny ou Trifouillis-la-jolie.
Ce n'est pas de la faute de ce pauvre bailleur, mais le Parisien, le Toulousain, le Bordelais, et plus généralement le Bistrotlandais fantasme plus qu'il ne désire une vie culturelle et sociale. 

C'est la crise, les gens ont besoin de picoler me dit mon associé. Je suis fichtrement d'accord même si je n'irai pas m'enquiller ses 10l de Stella par semaine pour lui prouver. Pourtant cette époque sobrement désespérante dépense beaucoup plus d'énergie à peinturlurer, mignoniser, serrer toujours plus le cadre à la vie qu'à déraciner le mal. Double avantage, en plus, bien que je n'imagine pas une volonté derrière : tandis que les éventuels débordements du citadin sont circonscrits par de jolies gaités lyriques, des jachères fleuries et des couloirs à vélo, celui qui n'a pas les moyens de s'offrir ces gadgets dégage un peu plus loin. Vous me direz, un paysage sans pauvre c'est quand même vachement plus beau. 

"Un peuple malheureux fait les grands artistes" a dit l'un des mecs vénéré par ces salauds d'innocents aux mains pleines. Il disait aussi "qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse". Plus d'un siècle plus tard Paris City of Light ressemble de plus en plus à un beau flacon en PVC rempli d'eau plate, de l'art purement matérialiste, sans lumière, sans ivresse, silencieux et inodore. 

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Rasputain
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